Discours d'introduction 2013 | Olivier Klunge

Mesdames, Messieurs, au nom du Jury du Prix Rambert, je souhaite la bienvenue à chacune et à chacun d’entre vous.

Je salue ici la présence de :

  • Mme Marie-Jeanne Urech, que nous célébrons ce soir,
  • M. Beat Schläpfer, membre du Comité central de la Société suisse d’étudiants de Zofingue, qui nous fait l’amitié de franchir la Sarine pour honorer la littérature romande.
  • M. Vivien Galland, Président de la Section vaudoise des Actifs.
  • M. Jean-Hugues Busslinger, vice-président du comité des Vieux-Zofingiens vaudois.
  • M. le Professeur Daniel Maggetti, du Centre d’études sur les lettres romandes qui a accompagné de ses conseils les travaux du jury.

Salut enfin à vous tous, fidèles du Prix Rambert, amis de Marie-Jeanne Urech ou Zofingiens. Le Jury du Prix Eugène Rambert est heureux de vous recevoir pour la remise du Prix Rambert 2013.

Cette année nous remettons le 37ème Prix Rambert, 110 ans après la remise du 1er. Cependant, cette cérémonie marque une nouveauté sur le plan institutionnel, puisque c’est la 1ère fois que cette distinction est remise par l’Association du Prix Eugène Rambert, fondée à la fin de l’année 2011.

Ce toilettage organisationnel qui a mis le Rambert entre les mains d’une association dont les sections zofingiennes des actifs et des VZ sont les membres est le résultat d’une réflexion menée depuis plus de trois ans en vue d’assurer l’avenir du Prix.

Notre analyse a porté premièrement sur la notoriété de cette institution littéraire qui a perdu de son lustre et de son aura au fil des ans et de l’arrivée de nouveaux prix dans le milieu des lettres romandes.

Un jury d’amateurs n’est pas adapté pour cultiver des contacts fertiles avec la presse. Pourtant, il s’agit d’une question fondamentale, pas seulement pour l’ego des membres du jury, mais surtout parce que le but d’un prix littéraire est de distinguer un auteur méritant, c'est-à-dire de lui offrir une reconnaissance.

Cette reconnaissance ne peut pas être uniquement personnelle ou réservée au cercle, certes éminent, des participants à la cérémonie de remise du prix. Il s’agit d’offrir une tribune, de faire connaître auprès d’un public large, un auteur qui mérite de se détacher du lot, dans un milieu littéraire dont la prolixité semble inverse à la qualité.

Nous sommes persuadés que cette mission du Prix Rambert nécessite aujourd’hui l’engagement d’un attaché de presse. Cette année nous travaillons avec Mme Maureen Browne, que je remercie pour l’assiduité de son travail.

Ceci a un coût et le fonds Rambert n’est pas opulent. Cela nous amène au deuxième pan de nos projets. Afin d’assurer financièrement l’avenir du Prix, l’association nouvellement créée a entamé une recherche de fonds auprès de mécènes romands. L’exercice n’était pas aisé. D’une part, nous ne voulions pas vendre le Rambert au plus offrant, d’autre part, un prix littéraire apporte une visibilité moindre pour un donateur. Nous avons donc dû trouver des mécènes particulièrement désintéressés et sensibles à la constance de notre travail. Ces bienfaiteurs ont permis d’augmenter de plus du double le capital de dotation.

Permettez-moi de les citer : se sont ajoutés au  Cercle littéraire de Lausanne qui nous soutient depuis de nombreuses années, la Fondation Juchum, la Fondation du Centre patronal, la Fondation Fern Moffat (gérée par la Société académique vaudoise), la Fondation Le Cèdre, ainsi que la Credit Suisse Foundation pour la dotation du Prix.

J’adresse de très chaleureux remerciements à leurs représentants qui nous font l’amitié d’être présents ce soir.

Après ces considérations institutionnelles, j’en viens au cœur de notre travail : la sélection du lauréat par le jury dont les membres ont consacré bénévolement une douzaine de séances et plusieurs centaines d’heures de lecture depuis près d’une année pour départager les 132 ouvrages reçus pour cette édition et dont chacun a été lu par au moins deux jurés.

Laissez-moi vous présenter brièvement la composition de notre jury:

  • M. Antoine Bastian, actuaire.
  • M. Rémy-Pierre de Blonay, secrétaire patronal
  • M. Yan Emery, étudiant en sciences politiques
  • M. Jean-Jacques Maison, pasteur
  • M. Félicien Monnier, assistant-doctorant en droit
  • M. Jérôme Reymond, avocat stagiaire
  • M. Philippe Weissbrodt, designer graphique et photographe
  • M. Guillaume Wurlod, diplômé HEC, étudiant en sciences de l'environnement,
  • Enfin, votre serviteur qui exerce la profession d’avocat.

Une particularité du jury 2013 est sa moyenne d’âge proche de 35 ans.

Un autre fait remarquable est que ce jury d’hommes a primé, pour la troisième fois consécutive, une femme, la septième depuis la fondation du prix.

Si les premiers jurys du prix n’ont guère eu l’occasion de croiser des femmes écrivains, ces dernières se font plus nombreuses dans les années soixante et Catherine Colomb sait toucher les jurés en 1962, puis vient Anne Perrier en 1971, suivie par Anne-Lise Grobéty en 1986, Yvette Z’Graggen en 1998 et Corinne Desarzens en 2001.

Si l’écriture et le style de ces auteurs féminins montre, à certains égard, des marques de féminité, voire de féminisme, il me semble que le style de nos dernières lauréates, en particulier Pascale Kramer et Marie-Jeanne Urech, a dépassé cette distinction de genre et que ces dernières ont développé un style très personnel qu’on ne peut rattacher à un courant. En cela, elles s’inscrivent dans leur génération d’écrivains romands où, la place des femmes étant devenue une évidence dans la création littéraire, l’individualité s’exprime d’autant plus librement.

Quel aurait été l’avis d’Eugène Rambert, grand critique littéraire qui a lutté dans les dernières années de sa vie pour que les jeunes écrivains romands d’alors, tels Henry Warnery ou Samuel Cornut, puissent se libérer du moralisme qui marquait la société vaudoise de cette époque ?

Plus que de voir une femme lauréate du prix qui porte son nom, Eugène Rambert aurait certainement été surpris du fait que le Club alpin suisse soit présidé pour la première fois par une femme à l’occasion de son 150ème anniversaire.

En effet, poète ému des lacs et des montagnes, il est l’auteur des six volumes des Alpes suisses (1865-1886), ouvrage qui se veut une encyclopédie du monde alpestre où les descriptions et légendes côtoient les analyses savantes. Il est aussi, en 1863, l’un des neuf membres fondateur vaudois de Club alpin suisse, dont il deviendra président en 1882.

Eugène Rambert a d’ailleurs donné son nom à la 5ème cabane construite par la Section des Diablerets du CAS, qui a en fait son siège à Lausanne. La première Cabane Rambert a été construite en 1895 au-dessous de la Frête de Sailles, entre le Grand et le Petit Muveran, à 2550 m. La cabane actuelle date de 1952.

Arrivé à une telle altitude et revenu aux origines du Prix Rambert, il me faut m’arrêter et je cède ainsi volontiers ma place à Yann Emery qui prononcera la laudatio en l’honneur de Marie-Jeanne Urech.