Eugène Rambert: une biographie

Eugène Rambert est né le 6 avril 1830 à Clarens. Ce fils d’instituteur étudie à la faculté de théologie libre de Lausanne, puis de lettres à Paris. En 1854, il est nommé professeur de littérature française à l’Académie de Lausanne et, de 1860 à 1881, à l’École polytechnique de Zurich, échappant à un milieu vaudois dont le piétisme et la petitesse l’étouffent. Son œuvre est considérable. Outre ses ouvrages de critique littéraire, il s’est fait connaître comme théoricien d’art, mais aussi comme alpiniste – il est d’ailleurs l’un des membres fondateurs du Club alpin suisse.

Poète brillant et ému des lacs et des montagnes, cette passion sera le commun dénominateur des six volumes des Alpes suisses (1865-1886), qui se veut une encyclopédie du monde alpestre où les descriptions et légendes côtoient les analyses savantes. Ses œuvres de création ont certes contribué à faire connaître Eugène Rambert, mais ce sont ses travaux de critique, et surtout de biographe (Alexandre Vinet en 1875, Juste Olivier en 1877), qui l’ont imposé. Eugène Rambert est également un collaborateur régulier de la Revue des Deux-Mondes, de la Revue suisse et de la Bibliothèque universelle. Mais sa production imprimée n’est que le pan le plus visible d’une intense activité de conférencier toujours prêt à se faire le messager de la culture suisse, de mentor à l’écoute des voix nouvelles.

Au cours de ces dernières années lausannoises, Eugène Rambert semble pris entre des exigences difficiles à concilier : alors que son statut d’écrivain « officiel » se renforce, il souhaite que la condition des auteurs romands évolue, en particulier qu’ils se libèrent de l’étau moral qui étouffe la création littéraire de son époque. Célèbre chez lui, inconnu hors des frontières de son pays, Eugène Rambert décède subitement en 1886, laissant orphelin le cénacle au sein duquel il prodiguait conseils et encouragements ; Henri Warnery et Samuel Cornut comptent parmi ses disciples.

Dès son décès, la Section vaudoise de la Société d’étudiants de Zofingue, dans le but d’honorer la mémoire de ce poète qui entra dans la société au printemps 1849 et où il publia ses premiers écrits, consacre les bénéfices de ses soirées théâtrales à un fonds Rambert. L’idée initiale était d’ériger un monument en l’honneur du grand écrivain, mais les Zofingiens estimèrent qu’il serait plus fidèle à l’esprit et au travail d’Eugène Rambert de consacrer ces moyens à un prix littéraire, permettant de promouvoir les lettres romandes par une reconnaissance publique apportée à des œuvres marquantes et par un soutien financier à des auteurs méritants. C’est ainsi que naît le Prix Eugène Rambert, décerné pour la première fois en 1903.